
Le Bal
Une sarabande de Rameau, une valse de Strauss, de Waldteufel ou de Suppé : certaines musiques intemporelles fascinent par l’irrépressible envie de danser qu’elles suscitent. Échappant à la réalité matérielle des choses, elles s’inscrivent dans l’imaginaire collectif, et dans un répertoire universel.
Dans ce projet, nous poursuivons l’exploration des rapports, constamment réinventés, entre la musique et la danse, le son et le geste, l’auditif et le visuel. Avec nos six interprètes, nous avons emprunté un répertoire de musiques classiques - à la beauté absolue - en questionnant leurs significations et leur symbolique, et les réactions gestuelles que leurs sonorités génèrent aujourd’hui.
Pour ce faire, nous avons fait appel à la mémoire du geste, aux formes de danse historiques qui réunissent les femmes et les hommes, dansant en cercle, les uns à côté des autres, dos au monde pour faire corps ensemble. Dans cette expression collective, le groupe se rassemble, partage un mouvement instinctif ou élaboré, répétitif et obsessionnel, le conduisant du plaisir à l’extase.
Et puis le rythme à trois temps s’est imposé dans le processus, et dans la pièce, en évoquant une mémoire aussi musicale, tout en inspirant des compositions électroniques - également en rythme ternaire - pour connecter ces musiques intemporelles. Et a finalement suggéré une relecture de la valse, cette danse en constante oscillation entre l’ordre et le désordre, la technique et l’anarchie, pratiqué dans les bals populaires, bien avant que la bourgeoisie ne s’en approprie pour ses fêtes et ses bals des débutantes.
Après avoir arpenté, dans nos dernières productions, la musique électronique et traditionnelle, nous poursuivons avec le Bal notre projet chorégraphique, en nous tournant vers d’autres formes musicales, plus classiques et populaires, pour nourrir le flux du mouvement, dans une corporalité résolument contemporaine.
Marco Cantalupo et Katarzyna Gdaniec